Un tour du bout du monde en voiture cahin caha

Il nous fallait une voiture…

Arrivés au Sud de la Patagonie, à la Terre de Feu, nous espérions acheter une grande voiture pour voyager quelques mois doucement en remontant le pays. L’option duus eut été bonne pour certains trajets, mais souvent, surtout à 5, c’eut été bien compliqué.

Nombreux sont les visiteurs qui achètent des vans aménagés pour la période de leur séjour. Très peu d’entre eux sont une famille de 5. Nous avons tout de même tenté. Malheureusement les deux pistes que nous  avions sont tombées à l’eau. Un 4×4 équipé camping de toit avait décidé de prendre son temps et n’arriver que plus tard, et un autre nous a révélé au dernier moment que pour les papiers… et bien, tant qu’on ne nous les demandait pas, ça ne poserait pas de problème. “Une assurance ? Pourquoi faire ?” Nous disaient les vendeurs.

Bref, changement de plan : nous louerions une voiture pour un mois. Nous avions réservé, fort heureusement, car en plein été il y a souvent pénurie. La seule contrainte : boucler un tour pour rendre la voiture là où nous la louerions. Ce serait Punta Arenas.

Route de la fin du monde

… pour faire le tour du bout du monde …

Un tour du monde en 4 semaines et 4 grandes étapes, à cheval entre le Chili et l’Argentine, les deux pays qui se disputent l’attribution de la ville la plus au sud du monde et l’appellation “fin del mundo”.

Circuit du tour du bout du monde

Blog post et liens à venir

  • Punta Arenas, ses manchots, son cimetière
  • Puerto Natales et le parc de Torres del Paine
  • Perito Moreno d’El Calafate et le parc d’El Chalten
  • Ushuaia et la Terre de Feu

… mais ce ne fut pas simple …

Un tour de patagonie sans pécadilles avec sa voiture ne serait pas un vrai tour. Nous avons donc décidé de faire les touristes et avons pris l’option multi-attractions.

Au menu, un grand classique: le permis international de la voiture manquant. Nombreux sont les touristes bloqués entre le Chili et l’Argentine, avec leur voiture fraîchement achetée ou louée. Nous étions donc prévenus et avions pris nos précautions avec le permis demandé 5 jours avant, pour un délais maximum de 4 jours, relance 24h avant. Las, le jour J le césame était porté disparu par notre agence. Nous en fumes quittes pour rester un jour de plus à Puerto Natales, en compagnie d’amis en camping-car, tout juste rencontrés, qui eux avaient trouvé portes closes au ferry complet jusque 2 mois plus tard. Notez ici le malheur de certains, qui n’obtiennent pas les papiers pour leur voiture et donc ne peuvent franchir la frontière ni ne peuvent non plus remonter au Nord par la voie Chilienne, les bateaux étant complets des semaines voire des mois à l’avance.

Un tour de Puerto Natales avec les amis

… le sort s’acharnant…

Une fois cette première attraction surmontée, nous voici de l’autre côté de la frontière. Nous décidâmes de suivre innocemment les panneaux signalétiques. Et pourtant nous sommes tous fans de ‘bib-bip et le coyote’. Nous aurions dû reconnaître le décor: ces plaines de cailloux balayées par le vent, cette route de terre sinueuse qui semble mener nulle part, tournant de ça et là pour éviter les rocs et cheminées de pierre…

Bien entendu cela faisait parti de notre aventure: c’était un piège. Une route de cailloux de moins en moins carrossable, de plus en plus large, comme si l’on avait voulu donner plus de chances au conducteur de trouver dans cette large trace un chemin plus praticable. Pour accentuer l’angoisse qui déjà nous titillait, au bout d’une heure, d’autres automobilistes, piégés eux aussi, dans l’autre sens, s’arrêtèrent pour nous demander l’air désespéré “ça va continuer comme ça encore longtemps ??” Un autre touriste croisé était à pied, poussant sont vélo, désespérément.

Paysage rassurant lorsqu’on est en panne de voiture

Devait arriver ce qui arrivât, un moment de distraction, une pierre plus grosse que les autres, et ce fut le choc. Pour le plus grand plaisir des enfants (ça ne dura pas), notre voiture s’était transformée en bolide de rallye au pot d’échappement tunné pour émettre le plus de bruit possible. Celui-ci nous avait lâché. Cassé en 2, trompettant de tout son souffle d’un côté et frottant métaliquement le sol de l’autre.

4H30 de trajet pour faire 70km de chemin caillouteux, avec un stop tous les 5 km pour se glisser en se contorsionnant sous la voiture et raccrocher à la main le facheux pot d’échappement, après avoir attendu le refroidissement. Un 4×4-mobiliste s’était arrêté pour nous prêter main forte. Très généreusement il nous a offert une corde pour attacher le pot ainsi que des gants de travaux pour éviter à la corde de fondre trop vite. Nous avions au dessous en plus ajouté un torchon en tissu. Quand nous sommes arrivés, la corde avait fondu depuis longtemps, et le tissu finissait de se consumer doucement.

Cette fois ci point d’ami pour nous faire oublier le temps perdu, mais un pot-d’echappementiste en or et fan d’Edith Piaf. Dans son atelier trônaient des dizaines de pot d’échappement de toutes les formes. Et pendant qu’il terminait avec un client, une jeune femme nous voyant nous ébahir devant tel étalage nous dit fièrement “et c’est Mon papa qui les a tous façonnés à la main !”

Timothée a dû promettre de revenir le voir quand ils serait ingénieur

Notre voiture fut réparée en 2-2, pour moins que rien (10€), avec en sus la liste de toutes les activités intéressantes de la ville d’El Calafate, une démonstration d’Edith Piaf, et ainsi que des explications sur comment construire son propre moto-tricycle des glaces.

… nous finîmes avec une autre.

Nous y voilà, nous en avons eu pour notre argent pensons nous. C’était oublié l’option ‘surprise’ cochée par le destin. Cette fois encore le décor est simple : le désert de rocaille, au loin le lac Argentino, que nous venons d’admirer lors d’un pique nique rapide en bord de route. Et la voiture qui n’a plus de batteries.

Lac Argentino

Pourtant récente, sans oubli de phares. Seulement le tableau de bord resté allumé 20minutes… heureusement nous n’étions pas seul. Une famille d’Argentin était justement en train de bricoler leur bus d’école transformé en camping-car géant. En un instant la batterie de sauvegarde était sortie, les câbles branchés, la voiture redémarrée, l’alternateur testé. Décidément les argentins sont extrêmement serviables et aimables au bord des routes désertes.

Ce fut la panne la plus pénible. La semaine qui a suivi, nous nous sommes retrouvés 4 fois sans batterie et avons dû chercher du secours. Et surtout nous avions la crainte de nous arrêter ne serait ce que pour prendre de l’essence…

Pas possible de changer la voiture Chilienne tant que nous étions en Argentine, nous avons du accorder notre planing avec un changement de voiture à la frontière dès que ce fut possible. Ouf nous étions sauf… si ce n’est qu’à notre nouvelle voiture ne restait une autonomie que de 150km d’essence, et la station suivante (traversée de la terre de Feu) était à 170km.

Nous y sommes tout de même parvenus, sur la réserve depuis un moment, mais le sort était rompu, fini la malchance et l’aventure. Nous pouvions sereinement poursuivre notre tour du bout du monde en partant pour Ushuaia.

En ‘route’ pour Ushuaia

One comment

  1. Que d’aventures ! on ne s’ennuie pas , en votre compagnie !
    C’est beau l’entraide internationale : cela rend confiance en la nature humaine…
    Bon courage pour affronter les nouveaux imprévus !

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